Pourquoi nos émotions nous épuisent : vers une réconciliation avec l’intelligence émotionnelle oubliée.
Pourquoi nos émotions nous pèsent-elles autant aujourd’hui ?
Autrefois partagées, ritualisées, elles sont désormais intériorisées, analysées, souvent refoulées. Résultat : burn-out, anxiété, isolement.
Et si notre mal-être ne venait pas de nos émotions… mais de leur silence ?
Ce texte explore comment réconcilier passé et présent pour redonner du sens, du mouvement et du lien à notre vie émotionnelle.
D’un monde en mouvement à un monde en silence intérieur
Au Moyen Âge, l’émotion est mouvement — de l’âme, du corps, du groupe. Elle est extériorisée, partagée, ritualisée. Elle circule.
Aujourd’hui, l’émotion est devenue expérience intérieure, subjective, souvent solitaire. Elle est intériorisée, analysée, parfois même cachée.
La modernité a déplacé l’émotion : de la place publique à l’intimité, du collectif au personnel, du geste au mental.
Une souffrance née de la rétention
Ce changement n’est pas neutre. En perdant le mouvement extérieur, l’émotion devient pression interne. Elle n’est plus un élan, mais un poids.
- L’angoisse ne se hurle plus au ciel : elle se rumine en silence.
- Le chagrin ne s’exprime plus dans un deuil communautaire : il s’enkyste dans le cœur.
- La colère n’enflamme plus une bataille d’honneur : elle est rationalisée, niée ou déplacée.
Le résultat ? Dépression, burn-out, anxiété chronique. Une âme comprimée, sans exutoire rituel, sans structure symbolique pour nommer ce qu’elle vit.
Un monde désenchanté, une émotion désorientée
Au Moyen Âge, les émotions ont un sens : elles indiquent la direction morale, elles connectent à Dieu, à l’ordre cosmique.
Aujourd’hui, ce sens s’est effondré. L’émotion devient un signal isolé, parfois absurde, que l’on tente de contrôler ou d’expliquer à travers la psychologie, la neuroscience ou le développement personnel.
Mais l’âme, elle, réclame du symbole, du rite, du partage.
Repenser l’émotion comme mouvement
Ce que nous appelons « thérapies », « cercles de parole », « danse libre », « rituels chamaniques », ce n’est peut-être rien d’autre qu’un retour maladroit à une ancienne sagesse : redonner mouvement, expression et sens à nos émotions.
Peut-être que la solution n’est pas dans l’oubli du passé, mais dans une réconciliation avec une humanité plus ancienne, plus expressive, plus incarnée.
En somme, on pourrait dire ceci :
Les médiévaux pleuraient ensemble. Nous pleurons seuls devant nos écrans. Peut-être que nos souffrances ne viennent pas de nos émotions, mais de leur exil.
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Mon avis de thérapeute
Pourquoi suis-je submergé par mes émotions ?
En tant que thérapeute, je constate chaque jour combien le manque d’expression émotionnelle alourdit les existences. Nos sociétés valorisent le contrôle, la rationalité, mais elles ont oublié que l’émotion a besoin de mouvement, de corps, de lien. Ce que certains vivent comme des troubles ne sont parfois que des émotions orphelines, privées de sens et d’espace pour exister. Revenir à des formes d’expression collective, symbolique, incarnée — comme le faisaient nos ancêtres — n’est pas une régression. C’est une nécessité vitale.